Très rare commode lyonnaise d’époque Louis XV
Dans le style constitutif de la construction de la commode lyonnaise, la commode que nous présentons peut-être répertoriée comme « historique ».
Pourquoi ?
C’est une commode citadine, galbée, d’époque Louis XV.
En recherchant dans les collections privées ou les musées, que trouvons-nous ?
1/ La commode tombeau du Musée Historique de Lyon, modèle très simple, disons, une oeuvre mineure.
2/ Une autre commode galbée, mais qui hésite entre l’architecture orthoédrique et celle en tombeau. Un essai « Transition » qui n’apporte aucun fondement stylistique à ce mobilier, mais plutôt confusion et lourdeur. Elle n’en n’est pas moins une belle commode que l’on peut voir au musée des Beaux-Arts de Lyon.
3/ La commode lyonnaise la plus intéressante serait celle de la collection de l’ancien antiquaire Thierry Morin, réputé à l’époque pour présenter les plus belles pièces de Lyon. Elle parait dans « Le Mobilier Lyonnais », Editions Massin. Par son importante largeur (156 cm), elle présente une délinéation moins affirmée que la nôtre, mais on peut lui attribuer la même paternité.
Pour toutes les autres commodes lyonnaises, une traditionnelle structure massive, rigide et statique constitutive de leur architecture orthoédrique, c’est-à-dire le parallélépipède régulier à angles droits. De leur peu d’intérêt harmonique, on pourra parler d’un mobilier imposant trouvant sa place dans les vastes pièces des demeures lyonnaises. En revanche, nous avons présenté deux très belles commodes arbalètes très richement sculptées.
Avec notre meuble, nous assistons à la naissance des très rares commodes lyonnaise galbées d’époque Louis XV. Un charmant mobilier, très certainement l’œuvre d’un maître menuisier ébéniste lyonnais d’une grande sensibilité artistique associée à une parfaite maîtrise technique.
Aurait-il alors accompli son apprentissage ou même exercé à Paris ? Comme Noël Hache de Toulouse à la fin du XVII° siècle, qui lors de son tour de France et de son stage à Paris, il rapportera les techniques du placage en s’inspirant de l’esthétisme des réalisations des grands ateliers parisiens du moment ; ou encore de Jean Demoulin à Dijon, grand ébéniste de la capitale avant de revenir « au pays ».
Il serait intéressant d’avoir une réflexion approfondie sur l’œuvre de ce menuisier qui porta ce meuble de ville d’une grande recherche dans l’art du mobilier lyonnais du milieu du XVIII° siècle.
Description
Notre commode en bois de noyer blond est galbée en plan et en élévation. Elle est de forme tombeau ouvrant à trois tiroirs de long. A leurs extrémités, en réserve, très belle sculpture de rameaux en bas-relief et motifs en « C » (a) qui s’interférent avec la forte mouluration cernant le pourtour de la façade du tiroir.
Au centre, un important cartouche cordiforme feuillagé entoure les entrées de serrures (b), et de part et d’autre, un aplat formant réserve pour inscrire les poignées de tirage. Sous le premier tiroir, une ceinture est créée avec la traverse et l’intervalle vierge de sculpture des montants. Cette ceinture rythme la monotonie de la façade des commodes à trois tiroirs. Elle se poursuit (c) sur les parties latérales en délimitant les mouvements concave et convexe.
– A la hauteur du premier tiroir, la sculpture des montants est fine et ligneuse ; puis généreuse et profonde, pour accentuer la force du bossage au tiroir intermédiaire, puis redevient très étroite en forme de palmette pour se terminer sur des pieds cambrés très évasés, renforçant le mouvement Louis XV de ce meuble (d). Même configuration des pieds postérieurs qui posent également sur un double enroulement.
– Le panneautage des parties latérales très finement mouluré. (e)
– Aux angles antérieurs du plateau, élégante et rare découpe en écoinçon (f)
– Les serrures à double pêne, dont une associée mais également XVIII°
– Les poignées de tirage en bronze à motifs feuillagés. (g)
Analogies ou différences avec la commode n°3
(a)Même sculpture des réserves des tiroirs
(b) Cartouche quadrilobé non cordiforme
(c) Spécificité identique
(d) Même disposition de la sculpture des montants antérieurs
(e) Panneautage finement mouluré
(f) Même découpe en écoinçon du plateau
(g) Poignées feuillagées Louis XV
Lyon, époque Louis XV
Dimensions :
Hauteur : 96 cm
Largeur : 133 cm
Profondeur : 70 cm
Ce très beau mobilier lyonnais de référence méritait donc toute notre attention