BUREAU CYLINDRE DE DAME

MARQUETERIE « D’USTENSILES »

Bureau-estampille-Roussel

Rare et remarquable bureau cylindre de dame, toutes faces en marqueterie de bois exotiques d’ustensiles et d’écriture sur un fond de bois de rose

Estampille de Pierre ROUSSEL d’époque milieu XVIII° siècle

En façade, le volet convexe en quart de cylindre et doucine est à décor d’un panneau central illustrant un univers de l’écriture grâce à l’habileté du marqueteur jouant sur les essences de divers bois exotiques sur un fond de bois de violette et de bois de sycomore teinté vert dans l’encadrement d’un filet aux angles rentrants écoinçonés de motifs en quartefeuille. Le pourtour est marqueté en frisage de bois de rose créant des jeux de contrastes avec les essences du bois. Ce tableau central nous laisse entrer dans l’univers du travail, avec à gauche, un bureau plat et son cartonnier. Le cuir noir est simulé par l’ébène ; un encrier et sa plume y sont posés. A droite, c’est une commode de style Transition qui est mise à l’honneur avec sa chatoyante marqueterie de fleurs et feuillages où sont disposés une aiguière et son vase. Un bouquet de fleurs épanouies dans un vase festonné, une enveloppe cachetée à la cire et une plume centrent cette marqueterie. La doucine est également composée d’une frise de divers ustensiles, et aucune surface ne semble être oubliée par cette riche marqueterie mise à l’honneur par TOPINO, reprenant les thèmes encadrant les panneaux de laque de Coromandel. En effet, sous le cylindre, une frise de trois tiroirs de long reprend ces mêmes thèmes. Ouvert, le quart de cylindre démasque un rang de trois tiroirs également marquetés d’ustensiles, d’une tablette en frisage de bois de rose centrée d’une marqueterie de trois cartes à jouer ainsi que la tablette écritoire gainée d’un cuir de couleur vert doré aux petits fers.

Le dessus présente un beau décor de deux bureaux de style Louis XV gainés d’un « cuir » noir en ébène où sont posés deux vases stylisés et d’une paire de livres reliés. Le souci du détail n’a pas non plus ici pas échappé au marqueteur. Que ce soient les mains de tirage, les joncs ou les divers bronzes, tout y est illustré.

Les parties latérales reprennent la sinuosité de la pièce grâce à deux cartouches marquetés d’ustensiles et de bouquets dans des encadrements de filets simulant le contour du cylindre et des tiroirs de la façade. On peut noter que les principaux décors reposent sur un entablement en bois de sycomore.

Au dos, marqueterie de frisage en bois de rose.

Enfin, le plateau d’entretoise illustre l’engouement qui s’opère en France au XVIII° siècle pour les nouvelles boissons, avec une chocolatière, une théière ainsi que divers ustensiles pour la collation dans un pot.

Notre bureau de pente pose sur quatre pieds à six facettes au léger galbe terminés par des petits sabots en bronze doré sur les pieds antérieurs. Il est orné d’une très discrète ornementation de bronzes ciselés et dorés telle qu’entrées de serrures et petits boutons de tirage pour laisser une grande lisibilité aux différents tableaux marquetés. Nous ne trouvons aucune chute, ni jonc, ni cul de lampe, ni galerie ; attesté par l’absence fixation. Il est « né » tel que nous le présentons.

Estampille de Pierre ROUSSEL, reçu maître à Paris le 21 août 1745

Epoque milieu du XVIII° siècle

Dimensions :
Hauteur : 98 cm
Largeur : 75 cm
Profondeur : 52 cm

Ce meuble en parfait état de conservation a été reverni au tampon.


Il est remarquable par l’exceptionnelle fraicheur de sa marqueterie
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PIERRE ROUSSEL : 1723 – 7 juin 1782 – Reçu maître le 21 août 1745
Établi rue de Charenton à l’« Image de Saint-Pierre », son patron, Pierre ROUSSEL, est issu d’une famille dont le père est lui-même compagnon ébéniste et ses quatre frères, tous menuisiers. Il acquiert très vite une grande notoriété d’habile marqueteur à la fabrication soignée et raffinée et fournit des meubles au prince de Condé pour le Palais Bourbon et pour le château de Chantilly. C’est en 1762 qu’il devient juré de la communauté et dès 1769, l’Almanach de Vray Mérite le cite comme « l’un des premiers ébénistes » de Paris. Le corpus de la production Pierre ROUSSEL s’étend sur la période Louis XV et Louis XVI. Son art et sa manière s’affirme par des marqueteries animées de fleurs, de rinceaux entremêlés aux encadrements de bronzes rocailles déchiquetés, par des marqueteries de paysages, de motifs géométriques ou de rubans et d’arabesques, par de somptueux décors polychromes en laque de Chine ou en vernis Martin très à la vogue au XVIII° siècle. Nous retrouvons également des décors d’ustensiles, de trophées ou de meubles et de livres traités en perspective rappelant les compositions de TOPINO. A sa mort, comme il en était souvent d’usage, sa veuve et son fils reprennent l’atelier jusqu’à la Révolution.

MUSEES :

BEAUVAIS
LYON, Musées des arts décoratifs
PARIS, Arts décoratifs
PARIS, Carnavalet
PARIS, Jacquemart-André
PARIS, Louvre
PARIS, Petit Palais
POITIERS
LONDRES, Waddesdon Manor
BOSTON, Museum of Fine Arts
CLEVELAND, Museum of Art
NEW YORK, Metropolitan Museum
SAN MARINO, Huntington Collection
BUDAPEST, Arts décoratifs

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Cette remarquable pièce atteste de l’art de vivre au XVIII° siècle où les petits meubles d’intérieur prennent leur place entière. C’est également l’époque où l’on met à l’honneur le raffinement du plaisir des nouvelles boissons telles le chocolat et le thé mais aussi de l’engouement pour l’Extrême-Orient en général traduit par le décor d’ustensiles ou « chinoiserie ».