Un rare et beau buffet de chasse de forme orthoédrique en bois de noyer blond
Il ouvre en façade par deux vantaux rectangulaires. Chaque vantail est à grand cadre à moulure grasse et saillante, suivi par une seconde moulure plus fine en doucine. Leur partie supérieure est ornée en leur centre d’une moulure en accolade où s’inscrivent deux marguerites, et de deux cartouches en écoinçons à décor de fines sculptures de coquilles et fleurettes (signe d’une réminiscence des ornementations de Juste-Aurèle MEISSONNIER). Leur partie inférieure, à forte mouluration sinueuse, présente également une fine sculpture en bas-relief de rinceaux feuillagés (arabesques propres à la stylistique de Jean BERAIN). Le chantournement de ces moulures répond à la rigidité et à la linéarité du bâti et des moulures d’encadrement. Notons que les deux panneaux de ces vantaux présentent un beau développé du dessin de la nervure du coeur de noyer. Ouverts, ils démasquent deux tiroirs rectangulaires dissimulés sous la traverse supérieure, ainsi qu’une étagère centrale. Fermés, un faux dormant à double mouluration décreusée axe la façade.
Les montants sont arrondis à légers défoncements et fines moulurations.
Les côtés sont plans, doublement panneautés et moulurés. Ils présentent également un beau développé de noyer. Notre buffet pose sur une large plinthe.
Il est coiffé de son originelle lourde pierre de Saint Cyr grise veinée blanc à bec de corbin et profond cavet – Cette pierre, en roches calcaires à inclusions de coquilles fossilisées et d’un poids avoisinant les 150 kg, provient des carrières des Monts d’Or situées près de Lyon. Ces pierres étaient ainsi destinées au service du gibier.
Caractéristique :
– Parfait état de conservation
– Clef, serrure, entrée de serrure, crémone, paumelles d’origine (Il faut noter que ce mobilier ne présente qu’une entrée de serrure).
– Clef forée à chiffre
– Serrure à double pêne
– Crémone ajourée et découpée qui assure la fermeture par deux points opposés
– Pierre de Saint Cyr d’origine
– Les fonds et fonçures d’origine
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Notre appréciation :
L’engouement du mobilier de l’époque du XVIII° siècle a trop souvent amené à sacrifier les grandes armoires lyonnaises pour utiliser leurs panneaux des portes et les bois de leurs bâtis en les transformant pour « créer de nouveaux buffets lyonnais » – donc « remontage de buffets à partir d’armoires »1.
Nous sommes en présence d’un véritable buffet de chasse avec son épaisse pierre de Saint-Cyr.
La finesse des sculptures ainsi que la présence de la plinthe nous permettent de dater cette pièce vers 1730 – 1740. Les pieds galbés n’apparaîtront que vers 1750.
Nous retrouvons un motif de marguerite sur le faux-formant du buffet de chasse de l’inventaire du Musée des Arts Décoratifs de Lyon, ill n° 54, p 75